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L’histoire artistique de ce peintre chilien originaire de la région de Valparaíso est intimement liée aux plus belles et significatives expériences vécues durant son enfance et sa jeunesse. Ariel Riveros a eu la chance de grandir entouré des couleurs et des coups de pinceau de son frère aîné, Hugo Riveros, maître en peinture, qui deviendra l’un de ses meilleurs mentors.

À cette époque, le pays traversait l'une des dictatures les plus cruelles d’Amérique latine, une période où les libertés étaient violemment réprimées et où l’art n’avait pratiquement aucune possibilité de survivre. Le 8 juillet 1981, sa relation avec son frère Hugo est brutalement interrompue par un événement tragique qui marquera sa vie à jamais : son frère Hugo est assassiné par les agents de la Central Nacional de Informaciones (CNI), les services secrets de la dictature. Dès lors, le jeune Ariel, âgé de seulement treize ans, est confronté à un chemin semé d’incertitudes et d’angoisses.

Au fil des années et à travers diverses expériences, il développe plusieurs activités liées aux arts plastiques, mais curieusement, il ne parvient pas encore à se reconnecter à ce qui deviendra bien plus tard sa véritable vocation : la peinture.

À l’âge de vingt ans, il entre à la Faculté des Arts de l’Université de Playa Ancha, cherchant dans ses études de licence en arts les éléments nécessaires pour répondre à ses interrogations artistiques. Dans les années 1990, Ariel effectue un voyage d'études dans la ville de Cologne, en Allemagne. Ce voyage lui permet également, après de nombreuses années, de retrouver Myriam Silva, la veuve de son frère Hugo, ainsi que Miguel, son neveu. Ce moment fort ne lui permet pas seulement de se réconcilier avec ses souvenirs les plus intimes et ses émotions profondes, mais aussi de renouer avec l’aventure artistique, notamment à travers la gravure et la photographie.

Plus tard, un événement profondément heureux transforme sa vie : la naissance de son fils Luciano. Cet instant déclencheur lui permet enfin de surmonter ses conflits intérieurs et de retrouver, presque par surprise, le chemin tant attendu de l’art plastique – celui de la peinture – tracé pour lui dès l’enfance par son frère. Ce chemin est celui de la sensibilité humaine, de la création, des couleurs, des toiles et des pinceaux. La venue de son fils marque un tournant, et depuis ce moment, il se consacre sans relâche à sa pratique artistique. Toute l’expérience accumulée au fil des ans semble alors éclater comme un éclair de puissance et de talent naturel : les couleurs, les lignes, les formes surgissent avec une vigueur nouvelle.

Riveros s’intéresse également à l’histoire de l’art et à l’enseignement. Il poursuit ainsi des études en pédagogie et en histoire, et obtient les titres de licencié en éducation et de professeur d’histoire et géographie à l’Université de Playa Ancha.

Aujourd’hui, l’acrylique domine son œuvre. Ses toiles présentent un registre personnel d’images de Valparaíso – ville où il a vécu les plus belles années de sa jeunesse – dans lesquelles se distingue une utilisation audacieuse de la couleur et une déconstruction des structures architecturales, tout en conservant les symboles urbains caractéristiques de la ville. Riveros est désormais reconnu comme un peintre moderne de Valparaíso.

Il explore également une ancienne technique issue de la gravure, la monotype, peu connue mais remontant au XVIIe siècle, à l’époque de la Renaissance. À travers cette expérimentation, il fusionne deux techniques artistiques : l’impression lithographique et les peintures acryliques diluées, obtenant ainsi une expression plastique originale. Cette méthode lui permet de libérer toute la force créatrice nichée au plus profond de ses émotions et de sa subjectivité, produisant des œuvres aux images surréalistes, aux couleurs éclatantes et aux évocations joyeuses.

L’artiste a longtemps évité d’exposer ses œuvres ; il est rare de voir ses tableaux circuler dans les rues de Valparaíso. Mais sa maturité artistique dépasse désormais ses propres décisions : son œuvre s’impose d’elle-même et commence à s’exhiber dans diverses galeries de son pays d’origine. Elle apparaît aujourd’hui comme un éclat lumineux, éveillant la sensibilité humaine. Riveros semble avoir compris ce nouveau défi : l’œuvre doit désormais vivre librement, portée par la maturité de son pinceau, sans attaches, aussi libre que la profondeur de ses lignes et de ses couleurs.

Aujourd’hui, l’artiste a choisi de prendre un nouveau souffle, de découvrir de nouveaux paysages et de nouvelles expériences humaines. Il a décidé de s’installer à Montréal, au Canada, avec sa famille, son fils Luciano et son épouse Patricia, qui – selon ses propres mots – sont sa raison de vivre.

Espérons que sa peinture nous parlera dans ces coins montréalais, et que nous pourrons avec elle parcourir un chemin de rêves et de joies.

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